En réaction à l’invalidation des listes électorales de la coalition Yewwi Askan Wi par le Conseil constitutionnel, une nouvelle manifestation, non autorisée par le gouvernement, a été organisée vendredi. Des affrontements entre la police et des manifestants ont fait trois morts et 11 blessés.
Un vendredi rouge au Sénégal. Rouge comme la menace qui pèse, dès le petit matin, sur la stabilité du pays, en ce jour de prière et de tensions politiques. Rouge comme la couleur des casquettes de police placées sur les ronds-points stratégiques de Dakar, la capitale. Rouge comme la rage des manifestants, aussi, qui s’apprêtaient à contester l’interdiction de participer aux manifestations organisées par Yewwi Askan Wi, principal parti d’opposition au régime de l’actuel président, Macky Sall.
« La manifestation se tient : elle va continuer », a déclaré vendredi matin le porte-parole du Pastef, Ousseynou Ly. Une promesse qui a effrayé les observateurs d’une journée explosive, bien loin de l’ambiance festive d’une semaine plus tôt, lorsque des milliers de partisans du leader de l’opposition Ousmane Sonko se sont réunis pacifiquement place de la Nation. Ils ont protesté contre l’invalidation de la liste nationale des titulaires de Yewwi Askan Wi pour les élections législatives du 31 juillet par le Conseil constitutionnel. Les craintes des observateurs se sont rapidement confirmées.
«On n’est plus en démocratie»
Quartier résidentiel Cité Keur Gorgui, Dakar, juste 8h du matin. Barrières anti-révolutionnaires, véhicules blindés dont les vives lumières rouges et bleues se reflètent sur le sable de l’autoroute, entrepôts : la police encercle la maison d’Ousmane Sonko, l’empêchant de sortir de chez elle, empêchant sa liberté de mouvement et, par la même occasion, leur liberté du culte, mais également garanti par la Constitution. Sur le même sujet : Nos conseils pour choisir le bon matelas en latex. Un échange avec un policier, largement diffusé sur les réseaux sociaux, dans lequel le candidat déclaré à la présidentielle de 2024 s’insurge : « Tout ce dispositif est en soi une raison de prouver, nous ne sommes plus en démocratie ».
En écho à ses propos, dans le quartier populaire de Colobane, il éclate. « Le régime du tyran Macky Sall a le coeur brisé », a protesté un manifestant, portant sur le visage un masque en tissu rouge et vert, aux couleurs de Yewwi Askan Wi. le gaz lacrymogène vole. Les sols aussi. La place de la Nation, blindée de policiers, ressemble à une forteresse. Les commerçants du quartier affichent portes closes, suivant les recommandations de la préfecture de rester confinés. Les échauffourées, sporadiques, se déplacent le long de l’axe principal qui tache le noir des pneus brûlés et le rouge des flammes.
Une adolescente prise au piège
Dans l’après-midi, ces derniers ont également retiré un matelas et, avec eux, un adolescent qui a eu le malheur de se retrouver allongé là au moment de l’impact d’un lance-grenades. Sirène, gyrophares, les médecins de la Croix-Rouge évacuent le corps. La confirmation du diagnostic ne tombera que le premier soir. La victime anonyme a succombé à ses blessures.
En ce vendredi rouge, près de onze personnes ont été blessées et trois ont été blessées dans ce qui est devenu le Sénégal. Les manifestants de la ville de Bigona ont atterri sur les filets avec des balles réelles de gros calibre. Ils ont accusé la police de l’utiliser. Ceci pourrez vous intéresser : Gale : symptômes, durée, traitement, comment le prendre. Idem à Ziguinchor. Après minuit, aucune confirmation de la police. « Macky Sall est un président meurtrier. Après avoir tué quatorze personnes [lors des émeutes de mars 2021, ndlr], il a ajouté trois autres victimes », a déclaré Ousmane Sonko, accusant le gouvernement de paniquer.
Dans un message posté sur sa page Facebook dans la nuit de vendredi à samedi, l’opposant a lancé un « ultimatum » au président sénégalais, appelant à la libération des personnes arrêtées vendredi dans les meilleurs délais. « Monsieur Macky Sall, nous vous donnons un ultimatum (invitant à) libérer tous les otages politiques qui sont entre vos mains ; au-delà, nous vénérerons et prendrons ces otages politiques, coûte que coûte », a-t-il menacé. A plus d’un mois des élections législatives, le Sénégal est loin d’avoir vu le bout des flammes.