Sur son voilier fait maison, Yann Quénet a fait le tour du monde

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Written By Jane Legaet

Rédactrice spécialisée dans le sommeil et la literie depuis 2012

A cinquante ans, Yann Quénet vient de boucler un tour du monde sur un bateau de 4 mètres qu’il a construit. A l’ère des « giga-yachts » et des navires high-tech, il défend une navigation plus sobre.

Saint-Brieuc (Côtes-d’Armor), rapport

Vous ne sortirez pas indemne de votre rencontre avec Yann Quenet. On frappe à la porte du navigateur en adulte responsable, confiant dans ses choix de vie et son programme pour les cinquante prochaines années. On en ressort avec la plante du vent, un esprit échevelé et une envie effrénée de nager jusqu’à la mer.

A 53 ans, Yann Quénet vient de réaliser son premier tour du monde en solitaire sur un voilier de 4 mètres qu’il a construit. 4 mètres, c’est peu pour un bateau : plus long qu’une table à manger, plus court qu’un SUV. L’aventurier nous accueille dans son atelier de Saint-Brieuc, où il s’est installé après son retour à terre en août. Il est imprégné de l’odeur de la sciure et de la vieille pierre. Perceuses, marteaux et tournevis tapissent les murs. Au centre de ce bijou se dresse le Baluchon, le petit navire sur lequel Yann Quénet a passé les trois dernières années.

« C’est une bête », sourit le navigateur en caressant la coque de la grenade. À l’intérieur, il n’y a pas de cordes exotiques, pas de voiles en carbone ou l’un des jouets hypertechnologiques que la plupart des marins et des régates chérissent. Seuls un matelas orange, un panneau solaire, deux ou trois couvertures, et quelques bidons pour stocker eau et nourriture lors de longs trajets – un entre la Nouvelle-Calédonie et la Réunion a duré 77 jours.

A l’heure où les milliardaires se ruent sur des « giga-yachts » de 60 mètres sur lesquels les voiliers sont équipés de micro-ondes, de climatiseurs et de machines à laver, Yann Quénet a choisi de rester sobre. « Pour moi, le bateau est très simple : une caisse en bois, un mât, une toile et un safran. Le reste est redondant. Radars, ordinateurs, ça ne sert qu’à calmer les gens. Il coupe le contact avec la mer. »

En bateau, « comme on voyage à pied ou à vélo »

Yann Quénet a construit son propre voilier en minimisant les polluants. Le Skiff n’a même pas de moteur. « Ça n’a pas de sens, » dit-il malicieusement. Dans les ports, le navigateur se déplaçait avec une simple tête de mort – une grande rame à l’arrière du bateau – sculptée à la main par des amis artistes rencontrés aux Marquises. « Les gens pensaient que j’étais un peu fou », se souvient-il. Ceci pourrez vous intéresser : Stylevan : Quoi de neuf dans le camping-car 2022 ? – L’actualité de la marque Revue automobile. Son idée était de voyager en bateau « comme on voyage à pied ou à vélo » : lentement, droit et avec une parfaite maîtrise des outils embarqués. « Tout est à portée de main et facile à réparer. Les grands bateaux sont pour les grandes personnes. Je ne me considère pas comme une grande personne. »

Dès le début, l’aventurier nous offre du thé. Nous courons dans le couloir qui mène à une petite pièce où il mange et dort. Sa « cabane » comme il l’appelle. Lit simple en métal, poêle à bois, bibliothèque remplie de livres d’aventures : cet endroit y ressemble. L’eau chaude siffle dans la bouilloire. Dans la vitrine, des poires tremblent au vent. Yann Quénet sort des mugs dépareillés, ajuste son pull bleu délavé, vérifie avec souplesse si son couteau suisse est toujours accroché à sa ceinture. « Je fais toujours le bricolage », explique-t-il. Si je ne l’ai pas, j’ai l’impression qu’il me manque quelque chose. »

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Issu d’une famille de peintre en bâtiment et de mère secrétaire, Yann Quénet a grandi loin des mâts et des haubans. « Dans ma communauté, personne ne fabriquait de bateau. C’était une chose riche pour moi. « Il a découvert la voile « un peu par hasard », en lisant : Éric Tabarly, Alain Gerbault… » Après, tout le monde veut partir tout de suite. Stagiaire dans un lycée de Saint-Gilles-Croix-de-Vie (Vendée), un adolescent se promenait sur les dériveurs du port de plaisance. « C’est à ce moment-là que j’ai pensé que c’était incroyable. Vous ne pouvez vous déplacer qu’avec le vent ! Cela me parait magique. »

Trop timide pour intégrer une école de voile, Yann Quénet apprend lui-même la navigation. « Je m’y suis mis petit à petit. J’ai remis à neuf un vieux bateau puis j’ai commencé à faire de petits voyages autour de la baie en faisant quelques erreurs. Peut-être y avait-il un peu d’insouciance, mais l’enthousiasme a effacé la peur. D’année en année, ses cahiers se remplissaient de centaines de plans de bateaux « un peu fous », empilés dans le coin du garage. « Cela fait plus de trente ans que je n’y pensais plus », sourit-elle.

Il y a quelques années, Yann Quénet était fonctionnaire à la direction de l’équipement des Côtes-d’Armor. « Je faisais des plans de route. Vraiment fascinant, il plaisante avec son visage tordu dans un sourire constant. Je n’étais pas du tout dans mon élément, c’était de la nourriture pure. J’ai un fils, j’ai dû apporter de l’argent pour m’occuper de lui. L’aventure l’a pris à un âge avancé, au tournant de la cinquantaine. « Dès que mon fils est devenu indépendant et n’a plus eu besoin de moi, j’ai démissionné. Je me suis dit, maintenant je ne fais que des trucs marrants ! »

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« M’extirper de toutes les contraintes, des chefs, des patrons »

Ne vous inquiétez pas, à la maison, qu’il tombe de la piste, qu’il ne réponde pas aux normes. « C’est peut-être mon introversion. Le fait que je communiquais peu avec le reste du monde et que je sois dans ma bulle était à l’origine du handicap. Sur le même sujet : Quelle est la densité d’un matelas en mousse ?. C’est devenu un avantage. Cela m’a permis de ne pas être trop influencé par d’autres façons de penser. »

Barbe de vieux bar, démarche agile et regard rêveur, Yann Quénet ressemble à Bernard Moitessier. Ce célèbre navigateur est devenu une icône des déserteurs après avoir abandonné une course qu’il s’apprêtait à gagner en 1969, dégoûtant et corrompant la société industrielle. « Je cherchais l’autonomie, la liberté », raconte Yann Quénet. Probablement une petite fuite. Pour vous libérer de toutes les restrictions, des patrons, des patrons, des gens qui vous disent comment faire. »

A cette époque, l’idée de faire le tour du monde prend racine. Premiers essais, premiers échecs. « J’ai coulé », a-t-il conclu avec un léger rire. En 2015, après quelques jours de tempête, son bateau chavire au Portugal. Il a été sauvé in extremis par un cargo après une nuit balayée par les flots. L’envie de partir a pris le dessus dès qu’il est revenu à terre. « J’ai tout perdu, je n’avais plus les moyens financiers. Je me suis dit qu’il fallait que je fasse un bateau rapide à construire avec les 4000 euros que j’avais en banque. La simplicité des formes et des matériaux choisis lui permet de s’éloigner des emprunts et des mécènes. « Être minuscule vous rend complètement libre. Voilà pour le confort : « Je préfère être dans les nuages ​​que sur un matelas épais. » »

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Et après : trois ans avec des baleines à bosse, des requins baleines et des dauphins, se rapprocher des oiseaux marins et voir des thons gros comme une table. « Ce sont des moments d’extase, presque irréels. Lorsque vous croisez un troupeau de dauphins alors que votre bateau pleut au soleil, vous ne savez pas si vous rêvez ou non. Nous sommes un intrus dans cet environnement, mais j’avais l’impression d’en faire partie. »

Panama, Polynésie, Afrique du Sud, Brésil… Lors des rafales et des escales, le marin a appris à composer avec les éléments. Sur un petit bateau, les tempêtes sont plus impressionnantes. « J’ai reçu beaucoup de fessées », dit-il. C’était parfois violent, mais le bateau est si simple et léger qu’il a agi comme un petit bouchon. Je me suis emporté. C’est une autre philosophie pour pousser à toute allure dans les vagues, comme sur un gros bateau. J’étais plus un jouet des vagues. »

L’aventurier a gagné de quoi poursuivre sa route avec des petits boulots ramassés le long des quais. En mer, il explique avoir appris à « faire avec ce qui est » afin de vous transporter de l’électricité. Jusqu’à ce que parfois je me lâche complètement. Lors de la traversée vers les Açores, l’aventurier s’est retrouvé piégé dans une zone sans vent.

« Le bateau ne bougeait pas du tout », a-t-il déclaré. J’ai dû accepter les choses comme elles venaient. À un moment donné, je me suis retrouvé dans un ton de courant qui m’a amené aux États-Unis. Je ne voulais pas du tout y aller. Je me suis dit que ce n’était pas grave, ça devait être bon aussi ! Il s’arrête un instant, un sourire malicieux aux coins de la bouche. « Bon, en ce moment, comme on rationne des paquets de nouilles chinoises et de sardines, c’est un peu plus compliqué ! » il rit au souvenir de ce malheur.

Il ne lui suffit pas de déposer son imperméable. L’aventurier prépare une nouvelle expédition, cette fois vers les pôles. Toujours sur un micro-voilier, construit grâce à ses modestes économies. En prévision de son départ, prévu à l’hiver 2023, il continue d’esquisser des plans de bateau « étranges mais néanmoins brillants », disponibles gratuitement sur son site internet. « La taille des lettres ne me concerne pas », sourit-elle. Toujours très pudique, presque surpris que ses expériences puissent être intéressantes, il assure ne pas s’imaginer « changer le monde ». « J’essaie juste de montrer qu’on peut faire les choses différemment, de manière plus simple et plus accessible. Yann Quénet peut vivre dans sa bulle, mais elle est très jolie.

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