Dans « Apolline Matin » ce mardi sur RMC et RMC Story, le contrôleur général des lieux de détention Dominique Simonnot alerte une nouvelle fois sur la surpopulation carcérale et les conditions de vie des détenus. Elle appelle à une régulation des prisons, une idée qui, selon elle, est partagée par Eric Dupond-Moretti, le ministre de la justice.
De plus en plus de détenus dans les prisons françaises. En un an, 3 177 personnes supplémentaires ont été incarcérées, portant le nombre total de détenus à 72 350, et dans des conditions de plus en plus difficiles. Le nombre de matelas au sol a par exemple explosé (+39%). « Il y a 2 053 matelas par terre, indique Dominique Simonnot, inspectrice générale des lieux de détention, dans ‘Apolline Matin’ ce mardi sur RMC et RMC Story. Un matelas par terre, c’est être à trois dans une cellule, avoir un espace de vie de 0,8 m² par personne Cela signifie aussi que lorsque vous dormez, vous devez vous boucher les narines et les oreilles avec du papier toilette pour empêcher les cafards d’entrer. les cafards avec la poussière. »
« Je ne pense pas que ce soient des conditions favorables à la réinsertion, qui est la deuxième étape de la prison, ajoute Dominique Simonnot. La prison punit, d’accord. Et ça se fait dans des conditions horribles. , car les détenus seront libérés un jour, sauf quelques-uns. » A la maison d’arrêt de Bordeaux-Gradignan, visitée par l’inspecteur général, le taux d’occupation est de 208 %. « Cela a diminué depuis notre visite car c’était 240%, souligne-t-elle. Cela veut dire que les gens étaient entassés par trois. Je suis entrée dans une cellule et une autre minuscule étagère. Le matelas par terre est enroulé pendant la journée, sous le Nous avons longuement parlé aux détenus. Ils nous expliquent que c’est horrible là-dedans. Vous n’avez pas la place de bouger.
« On est très, très loin de l’hôtel de luxe, répond Dominique Simonnot à ceux qui pensent que la prison ne doit pas être confortable. Je ne crois pas qu’à l’hôtel on dorme par terre et on respire des cafards la nuit. C’est une simple et calcul économique. Nos impôts paient 110 euros par jour, par détenu. Pensez-vous qu’il est normal de les héberger dans ces conditions ? Je ne le pense pas. Et surtout, il faut se rappeler que ceux qui y vont, Il faut sortir mieux. C’est un des buts de la prison, punir et réinsérer. Ce ne sont pas les conditions de la réinsertion. Maintenant toute la société est gagnante si quelqu’un sort mieux qu’il n’est pas entré. Il n’y a pas d’accès aux activités , au travail, aux services de santé. Quoi de mieux : s’ils s’en sortent mieux ou moins bien ? »
Régulation carcérale : « Je pense qu’Eric Dupond-Moretti y serait favorable »
Le contrôleur général des lieux de détention prône donc une régulation pénitentiaire, une limitation du nombre de détenus en fonction des places disponibles dans les établissements. Même si l’idée va à l’encontre de l’opinion publique. « Je demande qu’on régule la population carcérale, comme en mars 2020 pour le Covid, et ça s’est bien passé avec beaucoup de libérés sans que la délinquance explose, indique Dominique Simonnot. Si gouverner c’est suivre l’opinion publique, alors ce n’est pas gouverner. Voir l’article : Divers sommiers tapissiers. Il faut un peu de courage Il y a de la musique sur ce règlement pénitentiaire, c’est-à-dire pas plus de détenus que de places. Le Conseil de l’Europe, la Cour européenne des droits de l’homme, les États généraux de justice récemment… J’espère que nous aurons raison d’aller tous le chemin, que le gouvernement comprenne que c’est une mesure qui devrait être inscrite dans la loi, pour le bien de nous tous, de la société, afin que les gens ne sortent pas de prison comme des fous. »
Et Dominique Simonnot espère pouvoir compter sur Eric Dupond-Moretti, ministre de la Justice, allant à l’encontre du règlement pénitentiaire. « Il n’est pas le seul à décider ça. Je pense qu’il serait pour », explique-t-elle. Il m’a dit qu’il fallait faire attention à ne pas évoquer l’extrême droite. Je lui ai répondu qu’elle s’en sortait très bien. La prison est très politique, et c’est dommage. En Allemagne, ce n’est pas une question politique. Ils ont 20 millions de citoyens de plus que nous et 14 000 prisonniers de moins. C’est bien que nous ayons un problème.