Mogadiscio – Des familles inquiètes ont envahi Mogadiscio dimanche à la recherche de proches sur les lieux d’un double attentat à la voiture piégée qui a tué une centaine de personnes la veille à un carrefour très fréquenté de la capitale somalienne.
Environ 300 personnes ont également été blessées dans cette attaque, revendiquée par des militants jihadistes shebab, la plus meurtrière en cinq ans, et le président somalien, Hassan Sheikh Mohamud, a estimé que le nombre de victimes devrait encore augmenter au fil des heures.
Abdiasis Abdi, un étudiant de 22 ans, a passé des heures de samedi à dimanche soir à chercher sa sœur qui habitait à Zobe, un quartier regorgeant de commerces divers.
« Nous l’avons trouvé ce matin, grâce à des vêtements reconnaissables », sanglote le jeune homme, expliquant que le reste de son corps était méconnaissable. « Je n’ai jamais rien vu d’aussi horrible », souffle-t-il.
L’attentat, mené par deux voitures piégées qui ont explosé à quelques minutes d’intervalle, a également submergé les hôpitaux et les cliniques de ce pays au système de santé ravagé par des décennies de conflit.
A la recherche de sa belle-sœur, Mohamed Ganey décrit des couloirs pleins de victimes laissées presque sans surveillance. Sa joie de la retrouver fut de courte durée : « Il est décédé des suites de ses blessures quelques minutes plus tard.
« Tout le monde est sous le choc. La seule question qu’on se pose c’est pourquoi tuer autant d’innocents ? », ajoute-t-il.
Le policier Adan Mohamed a du mal à contrôler ses émotions. Il a été l’un des premiers à arriver sur les lieux, après l’explosion du deuxième véhicule piégé.
« Je n’ai pas pu dormir de la nuit, à cause de l’horreur de la scène », raconte-t-il à l’AFP, se remémorant le bébé qu’il a découvert avec ses compagnons à côté de sa mère décédée.
« J’ai pleuré et pleuré sans arrêt après avoir vu son visage couvert du sang de sa mère. Il ne pouvait même pas pleurer, il était tellement choqué. Il est juste resté là, clignant des yeux, regardant. »
Le porte-parole de la police, Sadik Dudishe, a souligné que de nombreuses victimes étaient des femmes et des enfants, particulièrement présents samedi après-midi dans ce quartier populaire.
L’attaque a eu lieu au même carrefour où avait déjà eu lieu l’attentat le plus grave jamais commis en Somalie : 512 personnes ont été tuées le 14 octobre 2017 par l’explosion d’un camion rempli d’explosifs.
Des témoins ont déclaré que la route était bordée de rangées de tuk-tuks et d’autres véhicules lorsque la première explosion s’est déclenchée.
« Les secouristes, les forces de sécurité et les personnes à la recherche de leurs proches se sont immédiatement précipités sur les lieux et la deuxième explosion a retenti », a déclaré Sumayo Ali, qui a survécu à l’attaque.
Le propriétaire du magasin, Mohamed Jama, qui était avec quatre autres hommes lorsqu’il a entendu une forte explosion, a déclaré qu’il avait rampé sur du verre brisé pour se mettre en sécurité.
A l’extérieur du magasin, « il y avait des cadavres et des blessés partout, certains blessés criaient, c’est ce dont je me souviens maintenant », raconte-t-il à l’AFP depuis son lit d’hôpital.
Dimanche matin, la zone autour de l’intersection était calme et une poignée de gardes de sécurité patrouillaient sur la route alors que les sauveteurs tentaient de nettoyer les débris et d’extraire d’autres corps.
Les bâtiments voisins ont été lourdement endommagés, leurs fenêtres brisées et les murs effondrés.
Environ 300 personnes ont également été blessées dans cette attaque, revendiquée par des militants jihadistes shebab, la plus meurtrière en cinq ans, et le président somalien, Hassan Sheikh Mohamud, a estimé que le nombre de victimes devrait encore augmenter au fil des heures.8