Marché de la literie : Le Made in France est-il forcément un gage de qualité ?

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Written By Jane Legaet

Rédactrice spécialisée dans le sommeil et la literie depuis 2012

Le mobilier de la chambre pris d’assaut par la concurrence internationale

Le mobilier de la chambre pris d'assaut par la concurrence internationale

Pour toute personne intéressée par le marché des meubles de chambre à coucher, il n’est pas facile de trouver des informations. Surtout quand il s’agit de l’origine des produits sur laquelle certaines marques restent assez opaques. Probablement parce que la majorité des meubles sont encore produits à l’étranger. Une tendance à la hausse puisque les importations ont augmenté de 20% en 10 ans en France. A voir aussi : Live zen : ce matelas à moitié prix de 24h sur Cdiscount. La Chine est aujourd’hui encore le premier exportateur mondial – ses exportations s’élevaient encore à 1,4 milliard d’euros en 2018 (chiffres INSEE, Insee Focus, 9/10/19) – et elle est de loin le premier pays fournisseur de la France, devant l’Italie, l’Allemagne et la Pologne. Les meubles de chambre à coucher ne doivent pas être dépassés, c’est aussi la raison pour laquelle le matériau de base des meubles des fabricants se présente sous la forme d’aggloméré, la mélamine, qui a le double avantage d’être plus légère et surtout moins chère que le bois massif. Des arguments importants quand on sait que les trajets sont parfois longs pour amener les produits en France.

Cependant, nous ignorons rarement que le bois mélaminé peut contaminer notre intérieur car il contient de nombreux adhésifs qui libèrent des substances toxiques, comme le formaldéhyde, un polluant inodore.

Quant aux meubles en bois massif disponibles sur le marché français, ils sont majoritairement fabriqués à partir de bois exotiques ou européens, mais qui partent en Asie pour être industrialisés puis reviennent en Europe pour être commercialisés. En d’autres termes, c’est le biais entre un travail à faible coût versus un fort impact écologique.

Ainsi, parmi les entreprises qui privilégient la production française, on trouve de nombreux meubles en mélaminé. C’est le cas de certaines commodes vendues par des distributeurs français en ligne, qui privilégient pourtant le Made In France. Il convient donc de bien vérifier la composition des meubles, y compris ceux fabriqués en France.

D’autre part, il est également possible de se rapprocher des menuisiers locaux qui peuvent encore produire des meubles et des lits de différentes essences de bois.

Certaines marques se démarquent également en produisant des meubles en bois massif en France, avec du bois directement issu des forêts françaises. Kipli propose par exemple plusieurs types de lits en bois massif français et fabriqués en Normandie ainsi qu’un sommier en épicéa des Vosges fabriqué en Sologne.

Autre solution, l’achat de vieux meubles. Selency, brocante en ligne créée en 2014, est une véritable mine d’or pour tous ceux qui aiment chiner. On y trouve de tout, y compris des meubles uniques : commodes en pin massif, commodes vintage dessinées par des ébénistes, tables de chevet des années 60… Le bois massif est à l’honneur. Et la démarche de la marque, responsable, permet aussi de donner une nouvelle vie aux meubles d’occasion.

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Les matelas : du synthétique au naturel, il y a un grand pas

Les matelas : du synthétique au naturel, il y a un grand pas

Avec la hausse du pouvoir d’achat et un nombre record de transactions immobilières dans le secteur ancien, la consommation française de literie est repartie à la hausse en 2019 après une année de stagnation à un pic de 2,47 milliards d’euros. Voir l’article : Matelas Emma Hybrid en très forte baisse de prix cette semaine (-30%).

En France, nous importons principalement de Belgique pour la literie, mais aussi d’Allemagne, d’Europe de l’Est (Pologne, Lituanie) et d’Europe du Sud (Espagne, Portugal, Italie).

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De manière générale, l’industrie française du matelas souffre de sa faible compétitivité sur la literie entrée/milieu de gamme. Et dans la catégorie des matelas – sur lesquels on utilise ⅓ de vie – c’est le synthétique qui l’emporte : En Europe, ils représentent 90% des matelas vendus. En France, on retrouve à peu près la même répartition sachant que dans les 27% de matelas en latex (caoutchouc cellulaire) le latex synthétique est prédominant.

Les matelas synthétiques offrent certes un accueil souple, mais la durée de vie est relativement courte (7 ans en moyenne) et ils ont tendance à couler plus vite. Dans la question : leur composition. Ils sont en réalité constitués de mousse synthétique à base de polyuréthane, un dérivé du pétrole ou viscoélastique, autrement dit des matériaux qui résistent peu dans le temps.

Quand on sait aussi que les pollutions les plus exposées se retrouvent dans les matelas synthétiques, il y a de quoi s’inquiéter. Voir la présence de COV – ou composés organiques volatils – ces particules qui se déplacent dans l’air d’un point A à un point B, générant des émissions toxiques. Un phénomène qui rend l’air de nos pièces intérieures assez malsain voire potentiellement cancérigène. Il y a quinze ans, la Campagne nationale du logement menée par l’Observatoire de la qualité de l’air intérieur de 2003 à 2005 montrait déjà que « le pourcentage de logements français présentant des taux de COV plus élevés à l’intérieur du logement qu’à l’extérieur est de 68% à 100% » et que « le formaldéhyde est le les COV les plus nombreux en masse dans les logements. Les chiffres parlent d’eux-mêmes et ne s’améliorent malheureusement pas.

Comme la plupart des meubles non solides, la mousse synthétique est fabriquée à partir de matériaux importés. Et c’est souvent un mélange de mousse qui fait l’âme du matelas. De nombreuses nouvelles marques en ligne proposent des matelas multicouches : mousse de polyuréthane, mousse à mémoire de forme et mousse de latex synthétique.

Si les matelas en mousse synthétique ne sont pas recommandés d’avance pour notre santé, ils ne le sont plus pour l’environnement. Non seulement ils ne sont pas durables, mais leur recyclage n’est pas encore optimisé. Considérés comme des encombrants, les matelas ne sont pas pris en charge par les services habituels de collecte des ordures ménagères. Un matelas abandonné mettra donc 100 ans à se décomposer. Et malheureusement, ce sont des situations qui nous sont familières : Tout le monde est déjà passé au moins une fois devant une décharge illégale – parfois située non loin d’un point de collecte d’ailleurs – et qui pollue les abords de villes ou de campagnes.

Cependant, la plupart des villes proposent une collection spéciale de superbes articles, soit à une date régulière, soit sur rendez-vous. Encore faut-il être au courant. En France, près de 120 000 tonnes de déchets sont générés par la mise en décharge des matelas collectés.

Cela dit, de plus en plus d’enseignes proposent désormais de reprendre votre ancien matelas, et sont partenaires d’Eco-mobilier, un éco-organisme, agréé par l’état, qui a pour but de collecter et de recycler les meubles usagés qui s’y trouvent. d’autres vies, en le recyclant ou en l’utilisant comme source d’énergie. Ce service peut être gratuit comme chez Kipli, ou payant pour certaines grandes enseignes internationales comme Ikea.

Dans cet univers entièrement synthétique, le naturel tente toujours de percer. Portée par des marques engagées et soucieuses de leur impact environnemental, cette option se matérialise sous la forme de matelas en coton, laine ou fibre de coco. La laine est utilisée depuis pas mal de temps dans la production de matelas, c’est pourquoi on retrouve parfois des entreprises dont le savoir-faire se perpétue depuis plus de 50 ans, comme c’est le cas pour Ardelaine.

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Limité un temps aux magasins très spécialisés (et très chers), le latex naturel tend à se démocratiser avec l’avènement de marques comme Kipli, qui vend ses matelas en latex 100% naturel directement en ligne. En quelques clics, les matelas de 7 à 64 kg peuvent arriver chez vous.

Il est également important de faire attention à la housse qui recouvre la mousse. Celui-ci vient souvent de France mais est souvent composé de fibres synthétiques, principalement de polyester. Il existe aussi des housses en coton ou coton bio, lin, soie… Vous trouverez également des housses en laine produites par des entreprises spécialisées, comme Ardelaine ou Fil de Laine. Ils proposent toute une gamme de produits fabriqués à partir de laine, une matière naturelle et renouvelable qui peut également constituer l’âme du matelas.

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En quoi le latex 100% naturel est-il une alternative durable pour les matelas ?

En quoi le latex 100% naturel est-il une alternative durable pour les matelas ?

Dans la famille des alternatives naturelles, le latex 100% naturel est un choix intéressant pour remplacer les dérivés du pétrole. Le latex est issu du lait d’hévéa, un arbre originaire du Brésil, et confère au matelas confort et durabilité (garantie moyenne de 15 ans), en plus d’être respectueux de l’environnement. Sur le même sujet : Quelle est la densité d’un matelas en mousse ?. Anti-bactérien et anti-acariens, le matelas en latex 100% naturel est aussi plus sain pour l’homme.

En revanche, il existe peu d’usines produisant du latex en Europe – l’essentiel de la production a lieu principalement en Amérique du Sud et en Asie du Sud-Est, avec 12 millions de tonnes par an. Il n’y en a que trois en Italie, en Belgique et en Bulgarie. Il est donc impossible de trouver des matelas en latex 100% naturel fabriqués en France (à part la pose de la housse). Plus chers, ils s’avèrent tout de même être un bon investissement dans le temps et pour la santé. Pour un matelas 160×200 par exemple, il faut compter plus de 2000€ en magasin. Certaines marques comme Kipli ont décidé de vendre leurs produits sans intermédiaires, c’est-à-dire sans inciter un distributeur à les commercialiser, rendant ainsi les prix plus accessibles.

Depuis l’arrivée de grands distributeurs dans le secteur de l’ameublement comme IKEA et Walmart à l’international, ou Castorama et But à l’intérieur de nos frontières, la manière de consommer les meubles a complètement changé. Là où nous achetions il y a 50 ans des pièces originales en bois massif qui duraient des années, nous encourageons aujourd’hui les prix cassés des produits d’entrée de gamme, un peu moins résistants et moins naturels, pour renouveler plus souvent nos meubles. Pour jeter plus. A acheter plus souvent car on sait… que ce n’est pas cher. Alors au final, c’était mieux avant ? Plusieurs marques tentent désormais de changer la donne. Un grand défi les attend, mais la croissance de certains d’entre eux indique que le vert a le vent en poupe. À suivre…

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