Lorsque Caroline Ferriol a débuté en 2019, elle était seule dans son entreprise. Aujourd’hui, Fée Dodo compte treize consultants spécialisés dans le sommeil de bébé et se présente comme un « leader du marché ». Bien référencé, il est suivi par plus de 75 000 comptes sur Instagram – loin devant Fée de belles rêves (37 100) et Bébé et secrets (13 300).
Le marché continue de croître et nous avons vu de nombreuses autres personnes avec de charmants pseudonymes s’installer au cours de l’année écoulée.
Une pratique américaine
Que proposent-ils ? D’abord, un entretien téléphonique gratuit de quinze à trente minutes. Puis les parents remplissent un questionnaire sur leur enfant et son sommeil, et le coach prend un autre rendez-vous pour présenter son plan d’attaque. Voir l’article : Que feriez-vous à la place de DPJ ?. Au cours des deux ou trois semaines suivantes, un suivi est souvent proposé par le biais d’appels, de messages WhatsApp et d’e-mails.
Selon les options et la notoriété du prestataire, le prix de cette opération dodo varie de 150 à 700 euros. Le montant que les familles sont prêtes à débourser, guidé par de super témoignages sur les sites internet ou les réseaux sociaux : « La magie a opéré », « Merci pour la super personnalisation de l’accompagnement », « Notre vie est passée de l’enfer au bonheur ».
En les lisant, tout roule au pays des marchands de sable. Mais Audrey Nđave fait partie de celles qui ne voient pas d’un bon œil l’épanouissement de ces pratiques. L’infirmière, fondatrice du centre périnatal Happy Mum&Baby, évoque l’origine de cette tendance : « Je vis en Amérique du Nord et le coaching est très développé ici. Les mères retournent au travail très peu de temps après l’accouchement et ont besoin de dormir. Et ces méthodes d’éducation d’un enfant, né il y a une quarantaine d’années sur le continent américain, arrivent peu à peu en France.
Des professionnels de santé inquiets
Préoccupation : formation. Selon Audrey Ndjave, seuls les professionnels de santé devraient accompagner les parents sur ces questions. A voir aussi : Vie courante Changement d’heure : voici comment vivre le passage à l’heure d’hiver. Et tous ne sont pas consultants.
Le point de vue de Marie-Josèphe Challamel, pédiatre, ancienne chercheuse à l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) et responsable du service de recherche sur le sommeil depuis trente ans : « Cette pratique doit être réalisée par une personne formée en tant que médecin, infirmier ou psychologue clinicien. Dans 30% des cas, il existe une cause médicale ou psychologique des troubles du sommeil. Ces formateurs prétendent être basés sur la recherche scientifique, mais ils n’ont pas le bagage nécessaire pour interpréter les études.
Audrey Nđave décrit en détail son fonctionnement : « Dans la consultation, on évaluera toute la sphère contextuelle : je demanderai l’historique de l’allaitement, la diversification, observer le poids et l’éveil, etc. Le coaching, en revanche, applique des méthodes toutes faites. Une plainte contre laquelle se défendent les praticiens, assurant qu’ils s’adaptent à chaque famille grâce à un questionnaire rempli par les parents. Caroline Ferriol précise même qu’elle adopte une approche « thérapeutique » et n’utilise le terme coach sur son site que pour répondre à des besoins SEO.
Une formation bien rodée au marketing
Sur les sites internet, on retrouve souvent une histoire similaire : les mères de bébés souffrant de troubles du sommeil ont suivi une formation qui a changé leur vie, avant de commencer la formation. Principalement aux États-Unis ou au Canada. Sur le même sujet : Santé. Changement de temps : votre bébé est-il affecté ?. La formation, d’une durée d’une séance par semaine, dure deux mois et demi. Gentle sleep coach, institution dont les certificats sont souvent rendus, n’a pas répondu à notre enquête sur le nombre de Françaises ayant suivi ces cours.
« Ces formateurs sont souvent d’anciens commerciaux », poursuit avec véhémence le Dr. Marie-Josèphe Challamel. Ils savent adopter un discours efficace, avertissant fortement les parents des risques liés à un long sommeil. Les influenceurs se voient parfois proposer un accompagnement pour promouvoir leurs services.
Mais est-ce un marketing bien pensé combiné à de solides compétences en matière de sommeil de bébé, acquises en peu de temps ? Pour Caroline Ferriol, il y aurait deux poids, deux mesures dans l’univers star du consultant. Elle assure que sa formation américaine, la sensation de sommeil, ne représente que 2% de son approche. Diplômée d’une maîtrise en sociologie et anthropologie, elle dit qu’elle est surtout autodidacte sur les problèmes de sommeil, affirmant qu’elle « a passé deux ans à se renseigner sur le développement de l’enfant ». Désormais, il propose sa propre formation en conseil, qui représente six cents heures.
La question centrale des pleurs
Régulièrement, le débat autour des activités de ces formateurs agite les réseaux sociaux. Au centre de la controverse se trouve la question des pleurs. Selon des témoignages, des praticiens demandent aux parents de laisser leur enfant pleurer dans son lit pour qu’il s’endorme tout seul, mais en le « suivant », c’est-à-dire en restant à proximité, éventuellement en lui parlant ou en frottant sa main contre son dos. . « Pleurer réduit les hormones du stress, on ne va pas les bâillonner ! » déclare Caroline Ferriol.
L’infirmière Audrey Ndjava est vexée : « Je reçois des témoignages [dans lesquels ils expliquent que] le coach a demandé de ne pas intervenir si l’enfant vomit en pleurant. » dr. Marie-Josèphe Challamel souligne que la pratique des « pleurs accompagnés » ne doit pas intervenir avant l’âge de 6 mois et que le professionnel de santé doit d’abord s’assurer de certains points lors d’un dialogue plus long. Par exemple, la capacité des parents à faire face (surtout dans un contexte de dépression).
Faisant partie des entraîneurs déçus, Laurianne a vécu une expérience difficile il y a quatre ans. Sa fille s’est alors réveillée plusieurs fois pendant la nuit. Métier encore rare en France à l’époque, il opte pour un formateur basé au Canada, qui a « beaucoup de visibilité ».
Mais le consultant n’est pas un professionnel de la santé et ne lui a pas parlé du développement de l’enfant. « Elle m’a demandé de mettre ma fille dans sa chambre et de la laisser pleurer. Quand je lui ai expliqué que je ne me voyais pas faire ça, on m’a ordonné de me séparer de mon enfant. Avant tout, j’avais besoin de mieux comprendre son rêve !
Un vide à combler
Auparavant, Laurianne avait interrogé son médecin et avait reçu une réponse peu satisfaisante : « Il m’a assuré que le sommeil finirait par venir. Mais je n’en pouvais plus. » Car, si le métier de conseillère en sommeil ou de baby-éducateur n’est pas réglementé, « il répond à un vrai besoin », assure Caroline Ferriol. « Les professionnels de santé ne sont pas formés au sommeil et n’ont pas la capacité d’exercer ces fonctions. du sommeil, mais surtout de l’accompagnement. »
En réponse, Marie-Josèphe Challamel affirme que Morphée Network et Prosom forment des médecins, des psychologues et des infirmiers. Mais leur nombre est encore limité. Aux parents qui rêvent de longues nuits paisibles, quel que soit le choix du support, il est recommandé de consulter un médecin au préalable pour s’assurer de la bonne santé de l’enfant.
De plus, un formateur de confiance doit envoyer une offre et afficher les conditions de retrait. En prenant le temps de comparer les prix et de vérifier les qualifications du praticien, on peut aussi éviter les déceptions… La nuit semble apporter des conseils.