Entraîneurs de sommeil pour bébés : quelques miracles, astuces pour…

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Rédactrice spécialisée dans le sommeil et la literie depuis 2012

Lorsque Caroline Ferriol a débuté en 2019, elle était seule dans son entreprise. Aujourd’hui, Fée Dodo compte treize consultants spécialisés dans le sommeil de bébé et se présente comme un « leader du marché ». Bien référencé, il est suivi par plus de 75 000 comptes sur Instagram – loin devant Fée de belles rêves (37 100) et Bébé et secrets (13 300).

Le marché continue de croître et on remarque que de nombreuses autres personnes aux pseudonymes enchanteurs se sont installées depuis un an.

Une pratique américaine

Que proposent-ils ? D’abord, un entretien téléphonique gratuit de quinze à trente minutes. Puis les parents remplissent un questionnaire sur leur enfant et son sommeil et le coach fixe un autre rendez-vous pour présenter son plan d’attaque. Sur le même sujet : 7 conseils pour calmer l’esprit de course avant de se coucher. Pendant les deux ou trois semaines qui suivent, un suivi est souvent proposé, par appels, messages WhatsApp et e-mails.

Selon les options et la notoriété du prestataire, le coût de cette opération dodo varie de 150 à 700 euros. Une somme que les familles sont prêtes à débourser, portées par les témoignages élogieux sur les sites ou les réseaux sociaux : « La magie a opéré », « Merci pour la super personnalisation de l’accompagnement », « Notre vie est passée de l’enfer au bonheur « .

A les lire, tout roule au pays du marchand de sable. Mais Audrey Ndjave fait partie de celles qui ne voient pas d’un bon œil l’essor de ces pratiques. Infirmière, fondatrice du centre périnatal Happy Mum&Baby, elle évoque l’origine de cette tendance : « Je vis en Amérique du Nord et le coaching est très développé ici. Les mères retournent au travail très peu de temps après l’accouchement et ont besoin de dormir. Et ces méthodes d’éducation de l’enfant, nées il y a une quarantaine d’années sur le continent américain, arrivent peu à peu en France.

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Des professionnels de santé inquiets

Le souci : la formation. Selon Audrey Ndjave, seuls les professionnels de santé devraient accompagner les parents autour de ces problématiques. Lire aussi : Avion : 2 astuces pour rendre son siège plus confortable (vidéo). Et tous les consultants ne le sont pas.

Un point de vue partagé par Marie-Josèphe Challamel, pédiatre, ancienne chercheuse à l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) et responsable d’une unité d’exploration du sommeil depuis trente ans : « Cette pratique doit être conduite par une personne formée au médecin, infirmier ou psychologue clinicien.Dans 30% des cas, il existe une cause médicale ou psychologique aux troubles du sommeil.Ces coachs prétendent s’appuyer sur des recherches scientifiques, mais n’ont pas le bagage nécessaire pour interpréter les études.

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Audrey Ndjave détaille son propre fonctionnement : « En concertation, on va évaluer toute la sphère contextuelle : je vais chercher l’historique de l’allaitement, la diversification, observer le poids et l’éveil, etc. Le coaching, en revanche, applique des méthodes toutes faites. ” Un reproche dont se défendent les praticiens, assurant qu’ils s’adaptent à chaque famille grâce au questionnaire rempli par les parents. Caroline Ferriol déclare même adopter une approche « thérapeutique », et n’utiliser le terme coach sur son site que pour répondre aux besoins SEO.

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Une formation bien rodée au marketing

Sur les sites, justement, on retrouve souvent une histoire similaire : mamans de bébés au sommeil troublé, elles ont suivi un coaching qui a changé leur vie, avant de s’entraîner à leur tour. Principalement aux États-Unis ou au Canada. Sur le même sujet : Partir en vacances : choisir la bonne musique est la solution pour ne pas s’endormir au volant. La formation, à raison d’une séance par semaine, dure deux mois et demi. Gentle sleep coach, établissement dont la certification revient fréquemment, n’a pas répondu à notre demande concernant le nombre de Françaises ayant suivi ces cours.

« Ces coachs sont souvent d’anciens commerciaux, reprend avec véhémence le Dr Marie-Josèphe Challamel. Ils savent adopter un discours efficace, alertant avec force les parents des risques liés à la dette de sommeil. Les influenceurs se voient aussi parfois proposer un accompagnement pour promouvoir leurs services.

Mais ce marketing bien ficelé est-il combiné à de solides compétences en matière de sommeil de bébé, acquises en peu de temps ? Pour Caroline Ferriol, il y aurait deux poids, deux mesures dans l’univers étoilé des consultants. Elle assure que sa formation américaine, Sleep sense, ne représente que 2% de son approche. Diplômée d’un master en sociologie et anthropologie, elle se dit majoritairement autodidacte sur les questions de sommeil, affirmant avoir « passé deux ans [s]éduquer sur le développement de l’enfant ». Elle propose désormais sa propre formation de consultante, qui représente six cents heures.

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La question centrale des pleurs

Régulièrement, le débat autour de l’activité de ces coachs agite les réseaux sociaux. Au cœur de la polémique, il y a la question des pleurs. Selon des témoignages, les praticiens demandent aux parents de laisser leur enfant pleurer dans son lit pour qu’il s’endorme de façon autonome, mais en l' »accompagnant », c’est-à-dire en restant à proximité, éventuellement en lui parlant ou en lui frottant la main arrière. « Pleurer fait baisser les hormones du stress, on ne va pas les bâillonner ! » Dit Caroline Ferriol.

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L’infirmière Audrey Ndjave s’alarme : « Je reçois des témoignages [dans lesquels ils m’expliquent que] le coach a demandé de ne pas intervenir si l’enfant vomit en pleurant. » Le Dr Marie-Josèphe Challamel souligne que la pratique des « pleurs accompagnés » ne doit pas intervenir avant l’âge de 6 mois et que le professionnel de santé doit au préalable s’assurer de certains points lors d’un dialogue prolongé. Par exemple, la capacité des parents à le supporter (surtout dans un contexte dépressif).

Faisant partie des entraîneurs déçus, Laurianne a vécu une expérience difficile il y a quatre ans. Sa fille s’est alors réveillée plusieurs fois pendant la nuit. Le métier restant encore rare en France à l’époque, elle avait opté pour un coach basé au Canada, qui avait « beaucoup de visibilité ».

Mais le consultant n’est pas un professionnel de la santé et ne lui a pas parlé du développement de l’enfant. « Elle m’a demandé de mettre ma fille dans sa chambre et de la laisser pleurer. Quand je lui ai expliqué que je ne me voyais pas faire ça, j’ai reçu un discours directif pour que je me sépare de mon enfant. Avant tout, j’avais besoin d’une meilleure compréhension de son sommeil !

Un vide à combler

Auparavant, Laurianne avait interrogé son médecin et obtenu une réponse peu satisfaisante : « Il m’a assuré que le sommeil finirait par venir. Mais je n’en pouvais plus. » Car si le métier de conseillère ou coach en sommeil de bébé n’est pas réglementé, « il répond à un vrai besoin », assure Caroline Ferriol. « Les professionnels de santé ne sont pas formés au sommeil et n’ont pas la disponibilité Il ne s’agit pas seulement de dormir, mais surtout de soutien.

Marie-Josèphe Challamel rétorque que le Réseau Morphée et Prosom forment des médecins, des psychologues et des infirmiers. Mais leur nombre reste limité. Pour les parents rêvant de longues nuits paisibles, quel que soit leur choix de prise en charge, il est cependant recommandé de consulter un médecin au préalable pour s’assurer de la bonne santé de l’enfant.

De plus, un coach de confiance doit envoyer un devis et afficher ses conditions de retrait. Prendre le temps de comparer les prix pratiqués et d’examiner la formation du praticien peut aussi éviter les déceptions… Il parait que la nuit apporte des conseils.