Deux voitures piégées meurtrières à Mogadiscio

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Rédactrice spécialisée dans le sommeil et la literie depuis 2012

Au moins 100 personnes, dont des enfants, ont été tuées samedi dans un double attentat à la voiture piégée revendiqué par Al-Shabaab sur une artère très fréquentée du centre de la capitale, Mogadiscio.

Environ 300 personnes ont également été blessées, a déclaré le président Hassan Sheikh Mohamud, après s’être rendu sur les lieux des attentats, soulignant que « le nombre de morts et de blessés continuait d’augmenter ».

Deux voitures piégées ont explosé samedi à quelques minutes d’intervalle. Les explosions, qui ont soufflé les fenêtres des immeubles voisins, ont submergé les hôpitaux et les cliniques de ce pays au système de santé ravagé par des décennies de conflit.

A la recherche de sa belle-sœur, Mohamed Ganey décrit des couloirs encombrés de victimes presque sans soins. Sa joie de la retrouver fut de courte durée. – Elle est décédée de ses blessures quelques minutes plus tard.

Le policier Adan Mohamed a du mal à contrôler ses émotions. Il a été l’un des premiers à arriver sur les lieux, après l’explosion du deuxième véhicule piégé.

« Je n’ai pas pu dormir de la nuit à cause de l’horreur de la scène », raconte-t-il à l’AFP, se remémorant le bébé qu’il a découvert avec ses collègues à côté de sa mère. « J’ai pleuré et pleuré sans arrêt après avoir vu son visage couvert du sang de sa mère. Il ne pouvait même pas pleurer, il était tellement choqué. Il est juste resté là, a cligné des yeux et a regardé fixement.

L’attaque a eu lieu au même carrefour qui avait déjà été touché par l’attentat le plus grave jamais commis en Somalie : 512 personnes ont été tuées le 14 octobre 2017 par l’explosion d’un camion bourré d’explosifs.

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Pour Hussein Jeeri, qui a perdu un ami au même carrefour il y a cinq ans, la tragédie a de nouveau frappé lorsque sa sœur a été blessée samedi. Marcher « dans les rues de Mogadiscio, c’est comme marcher sur des épées acérées, nous craignons tous d’être tués ou blessés un jour ».

Le double attentat a été revendiqué par Al-Shabaab qui a déclaré que ses combattants avaient pris pour cible le ministère de l’Éducation. Le groupe islamiste, lié à Al-Qaïda, combat depuis 2007 le gouvernement fédéral soutenu par la communauté internationale. Il a été chassé de Mogadiscio en 2011, mais reste solidement implanté dans de vastes zones rurales, notamment dans le sud du pays, et mène des attaques régulières dans la capitale et les principales villes de Somalie.

Le double attentat a notamment été condamné par l’ONU, l’UE, ainsi que l’Union africaine et la Mission de l’ONU en Somalie qui se sont engagés à se tenir « résolument aux côtés de tous les Somaliens contre le terrorisme ». A Bruxelles, le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, a « fermement » condamné ce double attentat, et réaffirmé la détermination des Européens à « combattre le terrorisme et vaincre le groupe Shebab ».

Le pape François présente ses condoléances aux victimes de l’attentat sanglant de dimanche. Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, « condamne dans les termes les plus forts ces attaques odieuses et réitère la solidarité de l’ONU avec la Somalie et son engagement contre l’extrémisme violent », a déclaré son porte-parole Stéphane Dujarric.

Washington a également condamné une attaque « haineuse » et assuré les autorités somaliennes de son « soutien dans la lutte pour empêcher de telles attaques terroristes imprudentes », dans un communiqué du conseiller à la sécurité nationale de la Maison Blanche, Jake Sullivan.

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Al-Shabaab a revendiqué l’attaque de la semaine dernière contre un hôtel de la ville portuaire de Kismayo qui a fait neuf morts et 47 blessés. Ces derniers mois, les Shebab ont redoublé d’activité en Somalie, pays pauvre et instable de la Corne de l’Afrique, avec une attaque particulièrement spectaculaire, qui a duré une trentaine d’heures, fin août contre un hôtel de Mogadiscio.

Après cette attaque qui a fait au moins 21 morts et 117 blessés, le président Hassan Cheikh Mohamoud a promis une « guerre totale » pour éliminer les Shebaab et a demandé à la population de « rester à l’écart » des zones contrôlées par les islamistes qui seraient visées par de futures offensives.

Les forces de sécurité et les milices claniques locales ont notamment lancé des opérations militaires dans le centre du pays, qui, selon les autorités, ont permis de reprendre du terrain aux combattants islamistes. Outre l’insurrection shebab, la Somalie est également menacée par une famine imminente, causée par la plus grave sécheresse observée depuis plus de 40 ans.