« Incasable » : c’est le mot qu’on entend parfois pour nommer ces adolescents qui ont tout essayé. De ces jeunes qui envoient de chez eux dans des familles d’accueil, quand ils ne sont pas en fuite. La plupart d’entre eux sont déscolarisés, certains sont aux prises avec leurs addictions, d’autres ont déjà passé quelques périodes en hôpital psychiatrique. « Ils ont 15 ou 16 ans, et on leur donne déjà l’impression qu’il n’y a pas de place pour eux », a déploré Xavier Velly, directeur du Dispositif d’accueil différent (DAD) de l’Association pour la protection de la jeunesse du Finistère ( ADSEA 29).
Ces adolescents pour lesquels l’Aide sociale jeunesse (ASE) ne trouve pas de structure adaptée ou de famille d’accueil seraient environ 6.000 en France, selon l’association Oser. Cela équivaut à 2 % des enfants suivis par les services de protection de l’enfance des conseils de quartier.
Pour ces jeunes, il y a toujours le risque que ces grandes difficultés sociales ouvrent la porte à la délinquance. Certains d’entre eux sont déjà poursuivis par les juges pour enfants pour faute. Xavier Velly et son équipe tentent d’ouvrir une nouvelle voie pour aider ces adolescents à se remettre sur pied. Un chemin qui se résume en trois mots : rester brisé.
Couper les liens
Ces périodes nées dans les années 1990 reposent sur un postulat : parfois, il faut couper brusquement tous les ponts, partir loin pour prendre le temps de réfléchir et se retrouver. Les raisons de leur fuite sont diverses : des dettes liées au trafic de drogue, un réseau de prostitution qui les surveille, de mauvaises associations qui les agressent dès qu’elles tentent de s’évader. Lire aussi : Joa Camp 54G : un fourgon monté sur un Citroën Jumper à petit prix. Le personnel DAD, basé à Quimper, organise pour eux des séjours temporaires, sur la base du volontariat. Une vingtaine de jeunes partent chaque année pour des périodes de six mois dans trois pays : Sénégal, Maroc et Espagne.
Au Maroc, c’est dans la ville de Taroudant, ville ancienne entourée de remparts et chargée d’histoire, que les adolescents sont accueillis. L’association marocaine Ahlan, partenaire de la DAD et de la Protection de la Jeunesse Finistère, est installée dans l’une des nombreuses ruelles de la médina. Rachid Birouk, directeur, et Maryam Amazzal, responsable du département, reçoivent les invités dans le grand salon de l’association. Sur place, ils s’occupent des adolescents, en collaboration avec leurs collègues français basés à Quimper.
Maryam Amazzal coordonne le dispositif. | Rosen Le Berre
«Tu fais un très grand pas»
L’un des quatre adolescents soupirant actuellement sur les canapés du salon est le bienvenu : une pratique d’anglais l’affronte. Imane[1] a rejoint il y a un mois. La Roubaisienne, qui a 14 ans, a choisi de venir ici car sinon, elle « fait des bêtises avec ses filles ». Son sourire timide ne cache pas toutes les difficultés qu’il a traversées. Ceci pourrez vous intéresser : Quel est le meilleur matelas rapport qualité prix ?. Ici, elle fait un stage dans une école de coiffure. « Les rayures, la coloration, tout ça, j’aime. »
Le seul problème qu’elle a, c’est quand elle voit les élèves et les formateurs nettoyer le rasoir à leur heure pour enlever la mousse. « Ça me rappelle trop ce que je faisais quand j’avais des problèmes », dit-elle timidement. Le chemin sera long à reconstruire, mais la voilà qui pose le premier jalon. « C’est un très grand pas en étant ici », assure Xavier Velly.
Xavier Velly échange son stage avec un jeune. | Rosen Le Berre
Comme tous les jeunes accueillis, Imane vit en famille d’accueil et intègre les stages et le tutorat dans ses journées. Au quotidien, elle ne voit que des Marocains. Seul lien avec la France : les adolescents peuvent téléphoner chaque semaine à leur famille et à leurs éducateurs à Quimper. Le reste du temps, le téléphone leur est interdit et la connexion internet est limitée à une trentaine de minutes par semaine. Cela est nécessaire pour créer la rupture et commencer à porter ses fruits.
Dans sa bulle
Imane ne connaît pas les autres jeunes français qu’Ahlan a accueillis. S’ils peuvent être jusqu’à six à se retrouver simultanément dans la même ville en pause, tout est fait pour qu’ils ne puissent pas se croiser. « C’est l’expérience », dit Maryam Amazzal. Sur le même sujet : Sommeil : quelle est la bonne position pour bien dormir…. « Chaque fois que les jeunes se croisaient, c’était très difficile à gérer. » Car lorsqu’ils se retrouvent, ils retombent facilement sur les problèmes auxquels ils ont tenté d’échapper en venant ici. « Celui qui s’engage est dérangé par ceux qui ne s’engagent pas », explique Rachid Birouk.
Alors des jeunes ont commis des actes criminels, en groupe, dans la ville. Ahlan assure donc que tous les jeunes sont « dans leur bulle ». Concrètement, cette fragile bulle tient aussi grâce aux slaloms moto d’El Habib, un éducateur, qui emprunte toujours des parcours différents lorsqu’il entraîne les jeunes et veille à ne pas disparaître devant les lieux de stage ou la résidence des uns et des autres. ..
Alors Imane ne sait pas qu’à quelques degrés de son école de coiffure, Loeiza[1], vient d’ôter son chemisier noir au logo du café Ashraf où elle fait son stage en cuisine. « Ça va très, très bien ici », a annoncé la jeune fille de 17 ans avec un grand sourire. Elle explique : « J’ai dû partir pour réaliser mon projet, car j’avais perdu confiance en moi. Je la retrouve ici. Elle attend Aziza Skiri, une femme lumineuse, aussi accueillante que chez elle. La mère de famille le déclare sans ambages en inondant la table de boissons et de sucreries : elle traite Loeiza « comme si elle était [sa] propre fille ».
Loeiza retrouve les équipes DAD et DSR « à la maison », dans la famille d’accueil. | Rosen Le Berre
Dans une maison plus éloignée du centre, Kylian[1] rentre également chez lui après sa journée de formation à l’atelier automobile. Comme d’habitude, il s’est arrêté à l’épicerie. Tous les soirs, il confectionne des pantoufles tout en discutant avec Mohamed, épicier et cordonnier en son temps. Parfois c’est même Kylian qui tient la boutique quand Mohamed doit faire une erreur. Et lorsque Kylian revient, il ne faut que quelques minutes à sa mère adoptive, Hayat El-Mehyry, pour lui mettre la table.
Chez lui, Kylian ne mangeait plus avec sa famille. Parfois, il passait plusieurs jours sans dormir, dehors. Que faire? « Rien. Sortir, c’est tout. » Il n’allait plus en cours. « Il est très gentil, nous n’avons aucun problème avec lui », sourit Hayat en le regardant. Lorsqu’elle sort du taxi avec les courses, Kylian se précipite pour l’aider. Un adolescent modèle qui semble bien loin de ce que son « dossier » annonçait. Ici, c’est une personne complètement différente.
Un cas loin d’être isolé. « Quand une mère m’a appelée et m’a dit : ‘Qu’as-tu fait à mon fils ?' », explique Maryam Amazzal. Avant son départ, la mère et le fils ne se parlaient plus. Au retour de son séjour, la maman découvre que son adolescente s’est métamorphosée.
Page blanche
C’est tout l’intérêt des breaks : arriver dans un nouveau pays avec une page blanche. Pour ceux qui sont habituellement « reconnus par tous les services », c’est une opportunité à saisir. Rachid et Maryam sont souvent surpris : même si tout n’est évidemment pas simple, il y a un énorme décalage entre ce qu’ils connaissent des jeunes avant leur arrivée et ce qui se passe sur place. « Je me demande toujours : ‘Est-ce parce qu’il a une chance d’être quelqu’un d’autre et que personne ne connaît son histoire qu’il est différent, ou est-il en train de changer avec le temps ?’ demande Maryam.
En attendant, ils goûtent enfin à la douceur de vivre, dans un environnement culturel totalement nouveau, entourés d’une famille qui prend soin d’eux. L’occasion également de découvrir différents métiers : mécanicien, jardinier, cuisinier ou serveur. Pour préparer les dirigeants à accueillir ces jeunes en stage, Myriam a traversé la ville. Avec un critère principal : « Le patron doit avoir une fibre sociale, sinon ça ne passe pas. »
Pour les familles d’accueil, c’est pareil : certaines d’entre elles ont dû affronter des cris, des fugues, des incendies de matelas dans une pièce exiguë. Mais la plupart du temps, lorsque l’adolescent prend ses repères, tout se calme. « Pour nous, il est important d’accueillir ces jeunes et de les aider », déclare Hayat El-Mehyry. « Pour mes enfants, il est intéressant de comprendre que certains jeunes ont eu une vie plus difficile que la leur. »
Kylian discute avec El Habib, son éducateur. | Rosen Le Berre
A leur retour, certains d’entre eux repartent en formation, ils retrouveront le goût des activités. D’autres retournent vers les réseaux qu’ils ont tenté de fuir. Des détails qui ne contredisent pas l’optimisme de Xavier Velly : « On ne change pas du tout tous les jeunes en six mois. Pour certains, c’est une graine plantée qui peut porter ses fruits dans cinq ou dix ans. Ils ont de la bonne humeur, du calme, sans que cela se traduise directement en réussite sociale. Certains choisissent de ne pas rentrer en France. Ils ont découvert, sur place, ce qui leur manquait dans leur pays d’origine : des amis, de la famille ou un travail. Une place pour eux.
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Comment faire un placement d’urgence ?
En cas d’urgence, le Procureur de la République n’attend pas la fin de la procédure et peut décider d’une mesure de protection provisoire où l’enfant est placé immédiatement. Le Procureur de la République peut demander un placement provisoire mais doit informer le juge dans les 8 jours de sa décision.
Comment fonctionne le placement d’urgence? Lorsqu’une protection immédiate est requise, le magistrat ordonne le placement provisoire dans une structure d’accueil d’urgence. Elle est réalisée par une assistante médico-sociale sous la responsabilité du responsable de secteur ASE (Aide Sociale à l’Enfance).
Qui peut faire une OPP ?
L’enfant entendant et les titulaires de l’autorité parentale sont en principe entendus. Le juge des enfants, ou le procureur de la République en cas d’urgence, peut prononcer une ordonnance de placement provisoire sans entendre les personnes susmentionnées.
Comment se déroule un placement ?
Quand on parle d’enfant « placé », cela signifie que l’enfant en question ne vit plus dans l’environnement de sa famille mais est confié à une famille d’accueil ou à une institution spécialisée pour sa protection. Cela ne signifie pas que l’enfant n’a plus de lien poétique avec ses parents biologiques.
Comment organiser un séjour de rupture ?
Modalités : Visite de site avec la personne et son réfugié ou éducateur pour rencontrer l’équipe permanente. Signature d’un contrat de séjour. L’entrée définitive, surtout pour de longues périodes, intervient généralement après une semaine de « découverte ».
Pourquoi attendre une pause ? transport; qu’ils sont en difficulté lorsqu’ils abandonnent l’école, la rupture sociale, le manque de soins de santé mentale et souvent endommagent leur environnement familial.
Comment faire un séjour de rupture ?
Il s’agit d’emmener un groupe de jeunes à l’étranger pour un voyage plus ou moins long (de quelques semaines à plusieurs mois). Ces solutions originales peuvent être pertinentes pour des jeunes rencontrant de graves difficultés sociales, psychologiques, culturelles et économiques.
Comment ne pas s’ennuyer ado ?
Ne vous ennuyez pas à la maison. Trouvez de nouvelles chansons. Lisez des articles sur un site de musique, trouvez des listes de lecture d’un musicien que vous aimez ou écoutez un site Web qui propose des recommandations de chansons.
Pourquoi les adolescents s’ennuient-ils ? De nos jours, un adolescent a besoin d’être seul. Bien sûr, il a laissé ses jouets pour regarder plus, mais comme quand il était petit, il a besoin d’imaginer ce que sera sa vie dans le futur. Il prend sa vie et son avenir. Si un adolescent a besoin de solitude, il a aussi besoin d’être entouré de ses pairs.